Le rythme et le tempo — fixé par le métronome — sont deux composantes de la musique qui définissent son mouvement et son caractère. Ils utilisent les différentes figures de notes ainsi que les silences musicaux pour exprimer le temps musical.
Bien que distincts, le rythme et le tempo sont indissociables. Une structure rythmique n’a de sens qu’une fois jouée à un tempo donné. Inversement, le tempo, avec l’aide du métronome, sert à donner une vitesse précise à un rythme et à déterminer l’allure et le caractère d’un morceau.
AFFICHER/MASQUER LE SOMMAIRE
Le rythme
Le rythme désigne l’organisation des figures de notes et des silences dans le temps. C’est la structure qui naît de la succession de leurs différentes durées, indépendamment de la hauteur des sons.
Présent dans toutes les cultures, il constitue l’un des éléments fondamentaux de la musique, au même titre que la mélodie et l’harmonie. Le rythme est intimement lié au mouvement et à la danse : il accompagne le geste, guide la marche et structure le discours musical comme le langage parlé.
Pour représenter graphiquement des durées différentes, les figures de notes sur la portée musicale ont des formes et des noms différents : consultez notre page dédiée à la valeur des notes en musique (ronde, blanche, noire, croche…).
De la même manière, l’absence momentané de son doit être précisément indiquée. Pour cela, les compositeurs utilisent des symboles musicaux appelés « silence » qui peuvent devenir des composants actives du rythme au même titre que les notes : consultez notre page sur les silences musicaux (pause, demi-pause, soupir…).
Ils créent aussi des respirations et contribuent à instaurer la tension ou le repos.
Les motifs rythmiques
L’agencement des différentes valeurs de notes et de silences crée des motifs, aussi appelés cellules rythmiques. Un motif est une courte séquence reconnaissable qui peut être répétée, variée ou développée au sein d’un morceau.
L’alternance entre des notes courtes et longues, comme deux croches suivies d’une noire, est un exemple de motif rythmique courant. Dans le jazz, l’usage du contretemps ou du swing illustre l’importance de ces cellules.
Dans la musique classique, des compositeurs comme Beethoven ou Stravinsky ont bâti des œuvres entières sur la force expressive d’un motif rythmique simple.
Non content d’avoir composé le morceau de piano le plus célèbre du monde (La lettre à Élise), Beethoven, avec l’ouverture de la 5e symphonie, – ta-ta-ta-taaaaaaaaah ! – a également signé le rythme le plus connu. Le tempo Allegro con brio = 96 à 108 à la noire au métronome.
Le rythme est donc le squelette temporel de la musique, la structure sur laquelle la mélodie et l’harmonie viennent se construire. Il fixe le cadre dans lequel le tempo et le métronome prennent tout leur sens.
Le tempo
Le tempo, ou mouvement, désigne la vitesse d’exécution d’un morceau de musique. Sauf indication de changement de tempo, cette vitesse reste constante et indépendante des figures de note (ronde, blanche, noire…).
Certains musiciens utilisent le terme « pulsation » pour parler du tempo, soulignant l’idée d’un battement régulier qui guide l’exécution musicale.
Savoir « tenir le tempo » est essentiel pour jouer en mesure, que ce soit seul ou avec d’autres musiciens. Cela permet de maintenir la cohésion et l’équilibre d’un ensemble ou d’une formation orchestrale.
Le tempo est donc une dimension essentielle de l’expression musicale : il structure le temps, influence l’énergie et le caractère du morceau, et guide l’interprétation des musiciens.
Remarque : on utilise aussi fréquemment le terme « mouvement ». Il convient de souligner que ce mot peut avoir un autre sens en musique classique : il sert à désigner une partie d’une œuvre musicale qui en comporte plusieurs. Par exemple, les sonates pour piano de Beethoven comportent généralement trois mouvements, mais certaines en comportent quatre et d’autres seulement deux.
Les termes italiens pour indiquer le tempo
Tempo signifie Temps en italien.
Jusqu’à l’invention du métronome au début du XIXe siècle, le tempo était uniquement indiqué de manière peu précise par des termes italiens que les compositeurs utilisaient pour spécifier la vitesse et parfois le caractère souhaités. Ces indications, qui vont du très lent (Grave) au très rapide (Prestissimo), sont aujourd’hui traduites en une mesure concrète et standardisée : les BPM (battements par minute).
Le tableau ci-dessous présente les principales indications de tempo italiennes, leurs équivalents en français, et les fourchettes métronomiques généralement associées à chacune d’elles.
Il est important de noter que si ces valeurs BPM sont des lignes directrices universellement reconnues, leur interprétation peut légèrement varier selon l’œuvre, l’époque et l’intention de l’interprète
Italien Grave Largo Adagio Andante Moderato Allegro Presto Prestissimo |
Français Très lent Large Tranquille Allant Modéré Vif Rapide Très rapide |
Métronome (BMP) inférieur à 40 40 – 60 66 – 76 76 – 108 108 – 120 120 – 168 168 – 200 200 – 208 |
Ces indications de tempo étant aussi parfois considérés par les compositeurs comme des indications de caractère, cela augmentait encore leur imprécision.

Par exemple, Allegro signifie littéralement « Joyeux ». Pourtant, cela n’empêche pas les compositeurs d’indiquer Allegro au début d’une œuvre sombre ou dramatique !
Tout va changer avec l’invention du métronome au début du XIXe siècle. Il va devenir alors possible au compositeur d’indiquer précisément la vitesse d’exécution de son œuvre.
Le métronome
De Galilée à Winkel
S’inspirant fameusement d’un lustre oscillant régulièrement dans la cathédrale de Pise, Galilée étudie et découvre à la fin du XVIᵉ et au début du XVIIᵉ siècle, les concepts essentiels concernant le pendule.
En 1696, le musicien français Étienne Loulié construit un « chronomètre » basé sur le pendule à secondes de Galilée, constitué d’un poids en plomb suspendu à une ficelle réglable le long d’une règle verticale. Ce dispositif ne comportait pas de mécanisme permettant de le maintenir en mouvement et ne produisait aucun son,
Le premier métronome mécanique à pulsation audible est inventé en 1814 à Amsterdam par le Hollandais Dietrich Nikolaus Winkel : en expérimentant, il découvrit qu’un pendule lesté des deux côtés du pivot pouvait marquer un temps régulier, quelle que soit la vitesse du tempo.
Il offrit le premier modèle de son « chronomètre » musical, daté du 27 novembre 1814, au Hollandsch Instituut van Wetenschappen, Letterkunde en Schoone Kunsten à Amsterdam.
Malheureusement, il ne protégea pas correctement son idée et, dès 1816, Johann Nepomuk Maelzel (parfois « Mälzel ») ajouta une échelle numérique à l’instrument et le breveta sous le nom de Métronome de Mälzel, qui reste en usage à ce jour.
Ainsi, encore aujourd’hui, Mälzel reçoit souvent à tort le crédit de ce qui était en réalité la création de Winkel.
Vous pouvez voir une photo du métronome original de Winkel sur la page web du Kunstmuseum de La Haye où il est conservé.
Le métronome de Maelzel
Dès 1816, Maelzel commença à fabriquer en série ce dispositif en forme de pyramide sous son propre nom : « Métronome de Maelzel ».
Les chiffres du métronome indiquent le nombre de pulsations par minute. Ainsi, lorsqu’il est réglé sur 60, le métronome bat la mesure 60 fois par minute, soit une fois par seconde.

Beethoven et Maelzel se fréquentaient : l’auteur de La lettre à Élise est l’un des premiers compositeurs à indiquer précisément des valeurs de tempo.
Selon une affirmation controversée d’Anton Felix Schindler, premier biographe de Beethoven, le staccato des vents au début du second mouvement de la 8e symphonie en fa majeur du compositeur allemand parodie le métronome !
Le métronome comme instrument de musique
L’heure espagnole de Maurice Ravel
Créée à l’Opéra-Comique de Paris le 19 mai 1911, l’oeuvre en un acte pour cinq voix solistes se déroule entièrement dans la boutique de l’horloger espagnol Torquemada. L’ouverture est marquée par des métronomes dissimulés dans l’orchestre et réglés à vitesse variable, symbolisant les tics-tacs des horloges :
On entend très distinctement le tic-tad des trois métronomes dans le début de l’ouverture
Selon une fiche technique rédigée par l’opéra de Lyon, il est précisé tout en bas de la page 3, (section orchestre) : 3 métronomes (réglés à la vitesse de 40, 100 et 232 pulsations par minute).
Poème symphonique pour 100 métronomes (Ligeti)
Compositeur majeur de la seconde moitié du XXe siècle, György Ligeti (1923-2006) compose Poème symphonique en 1962, lors de sa brève rencontre avec Fluxus, mouvement artistique qui touche aussi bien la musique que les arts visuels et la littérature.
L’œuvre, qui requiert 100 métronomes, un chef d’orchestre et dix exécutants, est créée en 1963 et fait scandale. Après cette première exécution, elle n’est que très rarement jouée en public.
Version écourtée mais permettant de bien voir le fonctionnement des métronomes
Poème symphonique constitue une expérience à part dans la carrière de Ligeti : le compositeur hongrois qui a écrit plusieurs des œuvres les plus fascinantes de l’histoire de la musique contemporaine a été révélé au grand public grâce au film 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick.
Exemple d’une oeuvre musicale jouée dans des tempi différents
L’ouvre choisie est l’invention à deux voix N° 8 en Fa Majeur de Jean-Sébastien Bach, écrite à 3/4 (chaque mesure contient trois temps ou pulsations et chaque pulsation est égale à une noire).
Cliquez sur les images pour ouvrir la vidéo dans YouTube.
Glen Gould (1:20) – Métronome : environ 103 (Moderato)
Marcelle Meyer (0:43) – Métronome : environ 140 (Allegro)
