Jouer du violon : apprendre et acheter son instrument

Savoir jouer du violon, c’est maitriser l’instrument à cordes frottées le plus expressif, capable de singer la voix humaine, de la plainte mélancolique aux envolées lyriques.

Avant de vous lancer dans l’achat d’un violon ou de prendre des cours avec un professeur, voici l’essentiel à savoir pour apprendre à maîtriser cet instrument particulièrement exigeant.

Jouer du violon : un art de la précision et de la justesse

Jouer du violon est un défi constant : contrairement à la guitare ou la mandoline, il n’y a aucune frette pour marquer la position des notes. Chaque doigt posé sur la touche exige une justesse absolue, transformant l’oreille en un outil indispensable.

Violon et précision : La ronde des lutins de Bazzini interprétée par Maxim Vengerov.

 

Le violoniste utilise ses quatre cordes — accordées en Sol, Ré, La, Mi — pour couvrir une vaste tessiture entièrement inscrite sur une partition en clé de Sol. Les premières années sont consacrées à dompter l’archet (la source du son) et à trouver la justesse des doigts sur la touche. Ce n’est qu’avec la pratique que l’instrument révèle toute sa palette expressive, du pizzicato (cordes pincées) au vibrato.

Un enfant apprend à jouer du violon en extérieur, image N&B
Apprendre à jouer du violon n’a pas de frontières !

Apprendre le violon

L’apprentissage du violon sans l’aide d’un professeur qualifié est, sinon impossible, du moins extrêmement risqué. L’élève, en autodidacte, a la quasi-certitude de prendre des défauts de posture ou d’archet dont il sera ensuite presque impossible de se débarrasser.

Au début, tout semble bien se passer, mais au bout d’un an, les problèmes pour continuer à progresser sérieusement surgissent et peuvent décourager l’apprenti violoniste et le conduire à l’abandon.

L’apprentissage du violon repose avant tout sur la patience et le développement d’une oreille fine. Contrairement à d’autres instruments, obtenir un son pur et juste nécessite un contrôle précis du doigté sur la touche et de la vitesse de l’archet. C’est dans la répétition des gestes que le musicien gagne en assurance et en expressivité.

L’enseignement repose sur plusieurs axes :

  • La posture et la tenue de l’archet : essentielles pour la production d’un son clair et constant. Une mauvaise posture peut créer des tensions qui rendent l’apprentissage plus difficile et moins agréable.
  • La théorie : comprendre les gammes, les accords et les intervalles est crucial pour développer l’oreille et anticiper les doigtés.
  • L’entraînement de l’oreille : crucial pour compenser l’absence de frettes. Le violoniste doit savoir entendre la justesse avant même de poser le doigt.
  • La maîtrise de l’archet : le véritable cœur de l’instrument. Apprendre à utiliser différentes parties de l’archet (talon, pointe) pour varier les nuances et les attaques sonores (détaché, legato, spiccato).

La clé de Sol

Apprendre à jouer du violon sans connaître le solfège est… possible, mais déconseillé !

Pour commencer, nous vous conseillons de savoir lire les notes en clé de Sol. Et bonne nouvelle, contrairement au violon, vous pouvez facilement apprendre à lire le nom des notes sur la portée, sans l’aide d’un professeur.

En ce qui concerne le rythme et la durée des différentes figures de note (ronde, blanche, noire…) il est préférable de se faire aider d’un professionnel. Le professeur de violon peut éventuellement remplir ce rôle.

Acheter un violon : le guide d’achat pour débutant

Le choix de l’instrument est fondamental. Votre décision d’achat, même si elle est souvent influencée par le professeur ou un professionnel, peut être grandement éclairée par une connaissance de base. Choisir le bon instrument, c’est investir dans le succès de l’apprentissage.

L’erreur à éviter : se tromper de taille

C’est une erreur exclusive et fréquente concernant les enfants. Contrairement aux adultes qui utilisent la taille standard 4/4, les jeunes élèves en pleine croissance doivent changer de violon régulièrement (1/4, 1/2, 3/4, etc.). Utiliser un violon trop grand crée des tensions et une extension excessive du bras, nuisant gravement à la justesse et risquant de provoquer des défauts de posture permanents.

Taille courante Violoniste (Âge indicatif) Critère de choix pour le jeune élève
1/4 Enfants de 5 à 7 ans Convient aux plus petits, permettant de commencer l’apprentissage sans effort excessif.
1/2 Enfants de 7 à 9 ans Étape intermédiaire où le contrôle de l’archet et des doigts commence à se stabiliser.
3/4 Enfants de 9 à 12 ans Dernière taille avant l’instrument adulte ; idéal pour préparer la transition technique.
4/4 (Entier) Adolescents et Adultes (dès 12-13 ans) C’est la taille standard et définitive. L’instrument garantit un espacement optimal pour le développement de la technique.

L’approche la plus courante pour les jeunes élèves qui apprennent à jouer du violon est la location ou l’adhésion à un programme d’échange et de rachat proposé par la majorité des luthiers et magasins spécialisés, en France comme à l’étranger.

Cette solution est économiquement viable, car elle permet aux parents de payer un loyer mensuel modique et de changer d’instrument sans frais supplémentaires (ou avec un faible surcoût) au fur et à mesure que l’enfant grandit. Cela évite un investissement trop lourd dans un instrument rapidement obsolète.

Prix et qualité : pourquoi consulter un luthier ?

L’achat d’un violon est un investissement. Pour un débutant, vous trouverez :

  • Kits d’étude (bas de gamme) : Instruments souvent fabriqués à la chaîne. Ils sont abordables, mais la qualité sonore et la tenue de l’accordage peuvent être médiocres.
  • Instruments de Luthier (ou d’atelier) : Ces instruments, ou ceux ayant été ajustés par un luthier (un artisan spécialisé dans la fabrication et la réparation des instruments à cordes), offrent une meilleure qualité acoustique, une meilleure jouabilité et se revendent mieux.
Conseil : un bon luthier est le meilleur allié de l’acheteur. Il peut vous guider, ajuster les chevilles et le chevalet, et garantir que l’instrument est bien monté pour l’apprentissage. Même si votre professeur vous dirige vers une boutique, l’avis d’un luthier indépendant peut confirmer un bon rapport qualité-prix. Investir un peu plus dans un instrument correctement ajusté par un luthier est un gage de motivation pour le débutant.

L’Archet : le prolongement du son

Pour bien jouer du violon, l’archet est aussi crucial que le violon lui-même, car c’est lui qui crée le son. Un mauvais archet rendra difficile la production d’un son stable et riche, même sur un bon violon.

Fibre de carbone ou bois ?

Les archets pour débutants sont généralement faits de bois du Brésil (pernambouc) ou de fibre de carbone.

  • Archets en bois : Traditionnels, ils offrent souvent une meilleure sensation et un meilleur équilibre, mais leur qualité varie énormément et ils sont sensibles à l’humidité et aux chocs.
  • Archets en fibre de carbone : Ils sont stables, résistants aux variations climatiques et offrent un excellent rapport qualité-prix en termes de performance pour les étudiants. Ils sont souvent recommandés comme premier archet d’étude.

Un bon réglage de la mèche

La mèche de l’archet est faite de crins de cheval (ou parfois de matière synthétique). Il est essentiel que la mèche puisse être tendue correctement (ni trop lâche ni trop serrée) grâce à la vis du talon. Une mèche trop usée ou mal entretenue ne « mord » plus la corde et empêche l’émission d’un son clair et constant.

Le luthier est aussi la personne à consulter pour le reméchage régulier de votre archet.

Brève histoire du violon : de la Renaissance à aujourd’hui

Le violon, dans sa forme moderne, est né en Italie au cours du XVIe siècle. Issu de divers instruments médiévaux à cordes (comme le rebec ou la lira da braccio), il a été perfectionné dans les ateliers de luthiers légendaires.

Les dynasties de luthiers les plus célèbres, comme Amati, Guarneri et, bien sûr, Stradivari à Crémone (Italie), ont établi les standards de la facture instrumentale au XVIIe et XVIIIe siècle. Leurs instruments, joués depuis par les plus grands virtuoses, sont devenus des objets d’art inestimables, démontrant la pérennité et l’importance de l’art du luthier à travers les siècles.

Bien que le cœur de sa construction soit resté inchangé depuis cette période dorée, le violon a connu une modernisation significative au XIXe siècle. Pour répondre à la puissance sonore nécessaire dans les grandes salles de concert, le manche fut légèrement allongé et redressé, le chevalet surélevé et une barre d’harmonie plus épaisse ajoutée à l’intérieur.

Ces modifications techniques ont permis d’augmenter la tension des cordes et d’améliorer la projection du son, assurant ainsi sa domination dans l’orchestre symphonique moderne.